dimanche, décembre 27, 2009

Bestioles, Jephan de Villiers





Samares, fragments d'écorce, bogues, racines...
Les ailes fragiles se sont posées sur une brindille.
Un bestiaire né de la forêt avance sur le sentier. Diagonale devenue chemin. Il mène à l'Arbonie ?
Sur la dernière page, feuille, terre, racine, le bois a pris corps. Le visage couleur d'ivoire pâle, un personnage du peuple nomade attend.
Guide, sentinelle, témoin. 

 
Jephan de Villiers
Bestioles ou Bestiaire pour un enfant-roi
Éditions Grandir

jeudi, décembre 24, 2009

À La Réunion, « Des Plantes et des Hommes »

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Branche de Bois-joli. Comme les autres photos, elle est extraite du dosssier de presse.

Le soin porté à présenter l'ouvrage est à l'image du travail remarquable qui a donné naissance  au livre. Sans ambition scientifique soulignent les auteurs. Mais quelle belle exigence. 
Observations et savoir-faire traditionnels sont riches d'enseignement. Confrontés aux connaissances actuelles, ils permettent de les affiner. Comme de s'émerveiller de l'ingéniosité et de l'intelligence des hommes qui ont su, au cours des siècles, choisir les plantes qui leur portaient mieux-être ou agrément.

Que « Des Plantes et des Hommes », premier titre d'une nouvelle collection,  rencontre un beau succés !


 Extrait de la présentation :

« Ce livre est une découverte de ville en ville des lieux où poussent les [plantes médicinales et aromatiques] de La Réunion et des hommes qui les connaissent.
Le lecteur y découvrira autant l’usage et les propriétés de ces plantes que les sols où plongent leurs racines et vivent ceux qui actionnent les outils qui les exploitent.

Nous n’avons pas eu d’ambition scientifique à proprement parler en réalisant l’ouvrage, mais les informations qui le sont ont toutes été évaluées par des experts faisant autorité.

Les nombreuses rencontres avec les spécialistes en tous genres ou toutes plantes, ont toutes été d’un grand enrichissement pour notre équipe et nous avons cherché à restituer l’ambiance de ces échanges dans les textes qui illustrent les photos et infogravures du livre.

Botanistes, universitaires, pharmaciens, tradipraticiens, tisaneurs ou guides ont apporté leurs connaissances à cet ouvrage. Lequel a vocation à informer le public sur l’aspect et les propriétés des plantes présentées, ainsi que de renseigner sur les lieux où l’on peut les voir pousser, distiller ou transformer.

Aujourd’hui, tout paraît souvent très simple, voire trop. Et la plupart du temps, l’on s’imagine qu’une requête sur le WEB peut répondre à toute interrogation. »

(...)

 
Suite sur le site de Kréotel (Saint Pierre de La Réunion)




Des Plantes et des Hommes

Éditions K
Auteurs : Céline Quoniam et Pasqual Porcel
Photos : Tino
Illustration : Thibault Quernet
Mise en page : Kreotel
Imprimé à La Réunion par Graphica






lundi, décembre 21, 2009

Le voyage des plantes... dans l'espace



Plants dans un jardin. Photo LoopZilla

C'est une pomme de terre péruvienne qui fera partie du régime alimentaire des astronautes russes lors d'un prochain vol. Pour ses qualités, pour leur offrir « un aliment, agréable au goût, pouvant être ressemé.»

Car elle se promènera aussi sous forme de tubercule. La pomme de terre andine change d'altitude.

Source : Techno-sciences




lundi, décembre 14, 2009

L'Herbier du monde





L'Herbier du monde : Cinq siècles d'aventures et de passions botaniques au Muséum d'histoire naturelle


Encore un très bel ouvrage, « un ouvrage de référence [qui ] dévoile les trésors de la plus belle collection d'herbiers du monde, conservée au Muséum national d'histoire naturelle. Plus de trois cent cinquante documents en couleur, inédits dans leur grande majorité, commentés par quarante auteurs spécialistes.

Un voyage autour du monde, de l'herbier de Rousseau qu'il constituait « pour oublier la méchanceté des hommes » à celui de Théodore Monod, celui d'un quidam parti chercher l'or du Klondyke et revenu avec des fleurs entre des pages, un herbier des colonies, celui de la servante de Bougainville, celui de Jehan Girault (constitué en 1558, il est le plus ancien de la collection du Muséum), celui d'un missionnaire ou d'écoliers herborisant pour la « leçon de choses » qui doit devenir « leçon par les yeux » (Source CNRS)



Belle et éphémère nouvelle : une librairie en ligne, mais qui travaille également avec des libraires bien présents en leurs villes, le propose à un prix extravagant. Ne doutez pas des vertus de l'extravagance, lisez plutôt ceci



L'Herbier du monde
Ouvrage collectif sous la direction de Philippe Morat, Gérard Aymonin, Jean-Claude Jolinon
Éditeur actuel : L'iconoclaste



samedi, décembre 12, 2009

Les tacuinum sanitatis

Tacuinum Sanitatis * : Salvia. Image ci-dessous : Mandragora officinarum (détail)


Les Tacuinum sanitatis sont des manuscrits. En latin médiéval leur nom signifie  « tableaux de santé ». Leur source : le Taqwim as-sihha d'Abu’l Hasan Ibn Butlan, médecin chrétien qui vivait à Bagdad, au XIe siècle. L'ouvrage regroupait, sous forme de tableaux, des conseils pour se maintenir en bonne santé. En soulignant le rôle l'alimentation. Les végétaux y occupent une place importante.

Le précieux Taqwim as-sihha ne comportait aucune illustration. Celles des manuscrits sont splendides. Les textes eux sont souvent très limités,  voire fantaisistes.
Méconnaissance de l'arabe, notions de botaniques très variables, traduction non d'après l'original, mais de sa traduction en latin... qui elle-même avait pris des libertés : ce n'est qu'en 1990 que sera éditée une version plus rigoureuse.

Si l'identification de certaines plantes dépend du savoir ou de l'imagination de l'enlumineur, ces pages sont riches d'enseignement. Scènes de la vie quotidienne, façon de mener les cultures, de se nourrir, temps des récoltes, la vie s'écoule au rythme des saisons.


Il est aisé de trouver sur la toile des reproductions de certaines scènes. Utiles pour s'informer, dessiner ou apprendre. Reflets qui ne sauraient remplacer un ouvrage. Et, puisque voici revenu le temps des fêtes et le bonheur d'offrir de beaux livres, en voici un : « L'art de vivre au Moyen Age ». Il reproduit en fac-similé l’intégralité du Tacuinum sanitatis conservé à la Bibliothèque nationale d’Autriche, un manuscrit d'Italie du Nord réalisé à la fin du XIVe siècle.




L'art de vivre au Moyen Age
Auteurs : Daniel Poirion (professeur honoraire à la Sorbonne) et Claude Thomasset (professeur de langue française du Moyen Age à la Sorbonne)
Éditeur : Le félin (Octobre 1995)



* Il est plus facile de trouver une image que d'en connaître la source. Même sur les sites universitaires. De quel tacuinum celles-ci sont extraites ?




mercredi, décembre 09, 2009

Des femmes botanistes au XIXe siècle, en Colombie-Britannique

Merci à Daniel Mosquin qui m' autorisée à reproduire cette photo de la collection Davidson. Étudiantes de l'Université Botanie. Diapositive sur verre

Fait remarquable : dès le début du XIXe siècle deux importantes société d'histoire naturelle de Colombie-Britannique ouvrent leur porte aux femmes en abolissant toute discrimination. La Natural History Society et la Vancouver Natural History Society.
Auparavant, comme en Europe, elles avaient participé à de nombreux travaux, mais la sphère publique leur restait interdite.

Parmi elles,  deux sœurs : Susannah Moodie et Catherine Parr Traill. La reconnaissance de leur travail a-telle un lien avec leur notoriété en tant qu'écrivains ?
Simple question posée.

Leur itinéraire, comme celui de Mary Jane Gruchy et de Julia Wilmotte Henshaw, est retracé sur un site consacré au botaniste canadien John Davidson.

Un site très riche, qui offre de nombreuses resources. Une simple animation et la confection d'un herbier est évidence. Pour la compléter : des explications précises.
Avec humour, des documents sonores - délicieux accent canadien - évoquent « la poigne de fer de Gruchy », ou les règles de la décence qui imposaient aux femmes des tenues assez peu adaptées aux expéditions botaniques. Première conquête : le bloomer. Puis triomphe : le pantalon.
Anecdotique ? Non. Les interdits passent aussi par le vêtement. Certains sont entraves.

 
À écouter : « Brink évoque certaines photographies de Davidson »  ♪♪♪
La page  Femmes botanistes du site Botany John :

L'image ci-dessus : Westove, domaine familial des Traill (Écosse). Archives nationales du Canada, domaine public. Elle a été choisie parmi de nombreux documents,  dont une biographie de Susannah Moodie et Catherine Parr Traill : ici.





samedi, décembre 05, 2009

La botanique des dames



Manet : Lettres à Isabelle, Méry et autres dames


À Donna d'Éoliennes, qui d'un question m'apprit une fonction.


«Rien ne saurait, en effet, mieux s'allier que la femme et les fleurs ; aucune harmonie n'est plus suave et plus gracieuse ; la femme qui s'est toujours vue représentée par une fleur, dans tous les temps, dans tous les pays, par tous les poêles [un typographe distrait ?], la femme qui n'est que dévouement et amour, comment n'aimerait-elle pas ces êtres délicats comme elle, comme elle doués d'un beauté ravissante et d'une grâce enchanteresse, ces êtres qui demandent, comme ses enfants, les soins de tous les moments et l'attention la plus soutenue. »

On me pardonnera cette publicité tapageuse.  La modestie figurant au nombre de nos merveilleuses qualités, le lecteur peut imaginer comme il m'en a coûté de citer.

Ce passage est extrait d'un discours prononcé le 11 mars 1858 par Monsieur Charles Morren à la Société Royale d'Horticulture de Liège. Il en était alors le Président honoraire.
Si son langage reflète les perceptions d'une époque, on admettra qu'il existe préjugés moins tendres.

Sous les mots fleuris : une reconnaissance. Un botaniste salue l'apport des femmes à une science qui adopta longtemps avec elles une attitude ambiguë. Elles n'étaient pas tenues  à l'écart de son étude, mais n'y avaient qu'une place d'invitées.  Invitées à partager un savoir, mis à leur portée, parfois simplifié.  Comme on adapte un récit complexe à l'intelligence d'un enfant ? 
Tels étaient les usages.


vendredi, décembre 04, 2009

La vigne-vierge résiste au vent...





La vigne-vierge résiste au vent. La pluie avive les couleurs. Un vent du Nord très gai dans une rue minuscule.
Si la terre n'est pas détemprée, s'il n'a pas encore gelé, il est toujours possible de planter les bulbes de printemps. Les jardineries commencent à les solder. Attention : bien vérifier leur qualité.

Pour choisir l'emplacement des crocus sur l'herbe (ou la pelouse, dans les jardins chics) la méthode la plus simple donne le résultat le plus harmonieux : on jette les bulbes et on les plante là où ils sont tombés. Façon semeuse, mais point auguste.  Le geste se doit d'être léger.

Les feuilles (saines) n'attendent que d'être rassemblées. Elles protégeront les massifs durant l'hiver. Le paillis se transformera en partie en terreau.
S'il recouvre des semis, on peut, de temps à autre, aller regarder leurs progrès. Minuscules pousses qui se développent sous les feuilles. Un des spectacles réjouissants de l'hiver. Le repos apparent masque le renouveau.



samedi, novembre 28, 2009

Perceptions du paysage, échos



A. Lorenzetti /JEA

 

Énigme éphémère. Décryptage à rebours. Il commence sur le dernier temps.

La troisième image est celle d'une photo que je découvrais. Je ne l'avais jamais vue. Pourtant elle me semblait familière. Les courbes de la colline, les plants parallèles, les arbres et les arbustes sagement alignés, ce paysage qui semblait dessiné...

Je n'eus pas à m'interroger longtemps. La grâce des coïncidences. La veille au soir j'avais repris un livre. Son sujet : les fresques du palais communal de Sienne peintes par Ambrogio Lorenzetti. Je m'étais attardée sur les détails d'une campagne très semblable.

Entre ces deux paysages, huit siècles. La Provence, l'Italie. Un champ de lavande près du Ventoux, les vignes de « la Bonne cité-République ».



Source : photo de JEA. Voir ci-contre le lien vers son blog Mo(t)saïques. 
Détails de la fresque de Lorenzetti, « Les Effets du Bon et du Mauvais Gouvernement ».  Mur est, les routes de « la campagne sûre ».
Scans de l'ouvrage de Randolph Starn (Éditions Hazan).


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lundi, novembre 23, 2009

Reflets






À peine quelques mètres plus loin, les mêmes harmonies.
L'eau emporte des feuilles. Le courant est rapide.









dimanche, novembre 22, 2009

Fruits d'une passiflore





La liane pousse le long du grillage d'une maison habitée. Cette variété ne doit pas être comestible. Nul n'a cueilli les fruits. Je n'ose en dérober un. Prudence, curiosité, gourmandise... Mélange incertain à proportions variables. Qui gagnerait ?

Passiflora. Sous ce nom des centaines d'espèces à la floraison éclatante.
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Sous les coloris de l'automne, une image mélodramatique. Un trèfle que l'on me dit parisien et demeurant dans le Ve arrondissement a lu Bouriane verte. L'idée que Jean-Pierre Jacob puisse le dédaigner l'a désespéré.
Les botanistes de la capitale s'inquiètent. Ils craignent une mutation. Le choc fut si rude. Certains spécalistes envisagent pour lui une nouvelle appellation : trifolium depressus. Un scientifique magyar a même avancé le nom de trifolium depressimus.
Sombre dimanche, Szomorú Vasárnap !
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Liens : Bouriane verte (Lourmarin for ever)
La flore sauvage de Paris : ici
Des variétes de passiflores comestibles :

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lundi, novembre 16, 2009

À Molenbeek, un Jardin urbain pour tisser des liens

.Photos personnelles. L'une prise dans une jardinerie,
la seconde dans un autre jardin.

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Merci à JEA* de m'avoir transmis la nouvelle.
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Une mare où fleurit un nénuphar, des graminées, de jeunes arbres, des capucines : un beau choix de végétaux. Cette simplicité séduit. On aimerait la rencontrer plus souvent. Un jardin se crée en ville. Un jardin d'agréments. Ils sont multiples. Les riverains disposent d'un lieu où se rencontrer. Précieux liens humains.
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Lieu de travail et d'apprentissage. Seul celui qui n'a jamais tenu une bêche se demandera en quoi consiste le travail.
Un jardin est un lieu d'observation privilégié. Comment vivent les plantes, quels soins leur sont nécessaires, quels insectes, quels animaux s'en nourrissent, lesquels attirent-ils ? En un même espace place à la théorie et à la pratique.
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Les habitants du quartier sont invités à porter leurs déchets végétaux. Un enfant transporte un seau empli de feuilles et d'épluchures avec le sérieux qu'imposent la tâche et son âge. Puis il les verse dans un bac réservé au compost.
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Assises à une table, des femmes bavardent. Les capucines m'évoquent une ronde ancienne. Elle chantait une pauvreté oubliée. Oubli momentané. Un après-midi à Molenbeek. Un lieu de vie s'est créé en ville.
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À l'origine, une association : La Rue. C'est d'elle qu'est né le projet de transformer un terrain servant de dépotoir sauvage. Pour le parrainer : la Cera.
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Une page sur le site du quotien belge Le Soir pour en savoir un peu plus et regarder un film de quelques minutes : ici.
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*JEA : blog personnel Mo(t)saïques
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jeudi, novembre 12, 2009

Arbres en ville

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Malgré son harmonie et l'ocre rosé de la façade le bâtiment reste étrange. Vide, déserté. Abscence perceptible. Elle s'inscrit sur la pierre. Le seul signe de vie n'est que reflet. Celui d'un arbre dans un jardin qui lui fait face.
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Plus loin un parc. Des feuillages encore verts ou brunis.
Mais au détour d'un chemin, un écureuil. Il marche comme on danse. Nous sommes quatre à nous immobiliser. Il traverse l'allée puis se dirige vers une maison. J'échange deux mots avec l'homme le plus proche de moi. Il a presque oublié les mots. Mais nous nous saluons. Une même observation nous a réunis un instant.
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mardi, novembre 10, 2009

Berlin, nuits de novembre

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Depuis quelques jours, profusion d'images et de paroles. Scènes répétitives : un mur détruit. Liesse interminablement remise en scène. Rejouée. Témoignages, images d'archives déferlent sur tous les supports d'information.
Mur de la honte ? Mais d'une honte plus ancienne. Une commémoration orchestrée ne saurait effacer les monstruosités qui précédèrent sa construction.
Images en boucle, comme un écran. Paroles qui masquent d'autres échos.
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Nuit du 9 au 10 novembre 1938. À Berlin, dans toute l'Allemagne.
« Ce sont probablement les Berlinois qui donnent à ce pogrom le nom de« Nuit de Cristal » en raison des milliers d’éclats de verre des vitrines brisées qui recouvrent les trottoirs* ».
1938, l'inhumanité des deux côtés des frontières. À l'œuvre, qu'elle soit haine ou indifférence.
. . Lumière rouge . . Lumière rouge, Les yeux des loups se voilent De sang. Chargé de destins Le camion trépide, Toutes les lettres dans les sacs Savent qu'il est trop tard, Et tendus de grands ponts attendent Le dernier malheur implacable. Reizl Zychlinski . . . * Mémorial de la Shoah : « La nuit de cristal ». . . . . .

samedi, novembre 07, 2009

Novembre

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Les nuages, les reflets. Mouvements changeants du ciel et de la pluie.
À en oublier le niveau intermédiaire.
Ce temps demande un sens pratique très développé.

mardi, novembre 03, 2009

Paysages et jardins de Chine

. Photo : Éolienne
. Promenade en Chine sur un blog que j'aime. Images, instants saisis. Une flâneuse attentive. À suivre... . Un livre qui y est conseillé : Dans un jardin de Chine, de Jacques Pimpaneau. (Éditions Philippe Picquier) . Pour s'initier à la perception du paysage en Chine, un document d'Émanuelle Leclerc et Shunyao Luo. Aperçu précis. Il aborde aussi la relation au paysage en Europe. Porte entrouverte sur deux mondes. Ici .. Le blog Éolienne : (le premier billet date du 2 novembre). . . . « Ils poussèrent un cri d'admiration en entrant : juste en face d'eux s'élevait une "montagne" abrupte couverte de verdure qui leur cachait le reste. "Sans cette colline, fit remarquer Jia Zheng bien que ce fût une évidence, on verrai l'ensemble du jardin dès l'entrée et il n'y aurait plus de mystère." En contemplant cette montagne en réduction, ils observèrent un grand nombre de grands rochers bleus aux formes variées et étranges qui s'élevaient en étage sur un des cotés, certains couchés, d'autres dressés ou plus ou moins inclinés ; leur surface était rayée et parsemée de mousse ou lichen, ou en partie dissimulée par des plantes grimpantes. À travers, ondulait un sentier étroit à peine discernable. » . . Cao Xueqin, Le Rêve dans le Pavillon rouge cité par Jacques Pimpaneau, Dans un jardin en Chine (Source : site de la BNF) . . .

La salicaire pourpre invitée au Jardin botanique de Berlin

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Photos : Bernard Lacrouts (septembre 2009)
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Une plante sous bonne garde. Il est probable que des graines s'échapperont quand on enlevera son chassis de toile. Et qui sait, un vent favorable ce jour là...
La salicaire pourpre, Lythrum salicaria, est une vivace, commune dans toute l'Europe. Elle aime les lieux humides. Sa floraison, de longs épis rouge-violet, s'échelonne de juin à septembre.
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Au Canada et aux États-Unis où elle a été introduite, elle colonise de grands espaces, menaçant les plantes indigènes, comme les animaux à qui elles sont nécessaires. D'où cette installation dans un espace très limité au jardin botanique. Punie ? Une guérite pour rappeller son indiscipline ?
Aide-mémoire paradoxal. .
Plus loin une ramonda, endémique pyrénéenne. Ramonda pyrenaica, que protège une simple ombrière. Elle n'a point l'humeur si vagabonde.
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Les belles invasives sont l'objet de débats passionnés. Mais au ton austère des amateurs de croisades, je préfère l'humour du Conservatoire végétal du Mississipi.
Sur son site, une vidéo vous permettra de regarder des champs entiers de salicaires (à 4' environ). Sur des pages québecquoises vous trouverez une description de la plante et des observations sur la façon dont elle pousse le long du Saint-Laurent :
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mardi, octobre 27, 2009

Le Jardin botanique d'Erevan : entre abandon et convoitises, un espace précieux menacé.

. Entrée du jardin botanique. Photo : Berezni
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Créé en 1935, le Jardin botanique abrite un Institut et des collections végétales. Clématites, sorbiers, conifères, pour n'en citer que quelques unes. Parmi les représentants de la flore locale, une variété de hêtre, des chênes : Fagus sylvatica, Quercus macrantha, Quercus ibirica.
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Flore si riche d'Arménie, des champs de blés sauvages aux variétés d'iris rares. Un jardin botanique ne peut l'enclore. Mais il n'en est pas moins unique, nécessaire. On retrouve le nom de celui d'Erevan sur les listes des grands conservatoires internationaux. .
Lieu d'étude, d'observation, de promenade, beauté offerte aux visiteurs. Mais aussi espace négligé par les pouvoirs publics. Les jardiniers y sont moins nombreux. Les vitres des serres brisées ne sont pas remplacées. Pour prendre soin il faut des moyens matériels suffisants.
Pour Gagig Movsesyan, directeur de recherche, ce manque de crédits est volontaire. L'espace ouvert (et utile) à tous pourrait un jour se transformer en espace privé réservé aux plus fortunés.
Espérons que ce projet cynique n'aboutisse jamais, que le refus se dise au-delà des frontières.
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Les jardins et les instituts botaniques jouent un rôle essentiel dans la préservation des plantes. Ils sont sources de connaissance. Ils témoignent de la diversité végétale. Ils ont su la protéger. Avant même que nous ayons conscience de sa fragilité. Abandonner le Jardin d'Erevan serait y renoncer un peu plus. Bien au-delà de cette terre d'Arménie que chantait Éghiché Tcharents :
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J’aime notre ciel obscur, les sources limpides, le lac de lumière, L’été torride, l’auguste tempête-dragon soufflant de l’hiver, Les murs noirs de misère de nos maisons perdues dans la nuit, Et de nos millénaires cités antiques, — j’aime la pierre.
. Éghiché Tcharents. Éloge de l’Arménie.
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Source :
Armenian Botanical Gardens Looking to Blossom. Article en ligne ici.
Les vers de Tcharents ont été empruntés à Esprits nomades. Sur la page Missak Manouchian.
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Illustrations :
Le mont Ararat, tableau de Gevork Bashindzhagian. Musée National des Beaux-Arts d'Erevan.
Serre dans le Jardin botanique d'Erevan. Septembre 2009. Photo de Kolja Epop.
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dimanche, octobre 25, 2009

Pluie

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Douce comme une pluie de printemps. Le long de la ligne sombre, un ruisseau. À peine plus rapide. Une pluie fine et paresseuse. L'air est tiède. On s'étonne presque de trouver des châtaignes.
Plus loin les champs.
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vendredi, octobre 23, 2009

« Le paysagiste reconquiert des fragments de ville pour apporter la nécessaire poésie utile aux hommes »

.Burkea africana. Photo : Rotational.

C'est du Mali que nous vient cette belle défense de la profession de paysagiste. Dans un article qui rappelle les connaissances et les savoir-faire nécessaires pour l'exercer. Et, bien au-delà, exprime des exigences qui sont bonheur à lire.
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Si au Mali les paysagistes ne sont pas encore reconnus et sont exposés à la précarité, qu'en est-il en France ? Quelques noms prestigieux. Mais chacun peut s'approprier le titre. Jardinier était plus modeste et tout autant respectable.
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On ne s'improvise pas paysagiste. Ce que défend C. A. Dia : un art et une nécessité :
« Aujourd’hui l’espace de vie convient de moins en moins bien aux humains qui l’occupent ».
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Pour illustrer ce plaidoyer, une photo. Un homme est accroupi au milieu de végétaux. Attentif. Il choisit ? Il observe ? Une certitude, il prendra le temps nécessaire.
Je souhaite à ce texte de nombreux lecteurs : Le blues des paysagistes (L'Essor du 6 octobre 2009)


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Rectificatif, septembre 2010 : l'article est publié maintenant sur le site Malikounda. Une photo différente l'illustre.

Rectificatif, août 2016: comme les plantes qui se resèment, voici l'article sur une autre page, Maliweb.

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dimanche, octobre 18, 2009

Les coloris d'automne et la fraîcheur des nuits

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Certains automnes les feuilles passent du vert au brun, puis tombent. Sans s'être nuancées d'autres coloris. La sécheresse n'en est pas nécessairement la cause.
« La façon dont les teintes apparaissent dépend de la température des nuits au début de l’automne. »
« Si l’arbre est «surpris» par des températures qui passent brusquement au-dessous de zéro, les feuilles changent rapidement et prennent de belles couleurs. Si le temps est doux, en revanche, elles tournent lentement et deviennent brunes.»
Extrait d'un article du quotidien suisse Le Temps : La chaleur ternit l'automne (30 septembre 2009). Les archives du journal sont accessibles à tous. Il suffit de s'enregistrer. C'est ici.
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jeudi, octobre 15, 2009

À Lod, sous la mosaïque la mémoire des pas

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Mosaïque de Lod, détail. Source : Israel Antiquities Authorithy .
Les belles coïncidences. L'actualité m'attache aux mosaïques et me mène en Israël. Vers une autre merveille : la mosaïque de Lod. Elle date aussi du IIIe siècle de l'ère courante. La beauté et l'émotion. Celle d'une découverte que la presse annonce aujourd'hui. . Les archéologues chargés du transfert de la fresque ont trouvé sur le support de plâtre les traces de pas. Empreintes laissées il y a 1700 ans. Pieds nus ou sandales, passage marqué. Signatures humaine qui ne cherchait pas à s'inscrire. Mais émouvantes. Comme les contours des mains couleur d'ocres sur les parois des grottes. . Est-ce un lièvre qui s'aventure dans les raisins ? Je lui souhaite de belles vendanges. . . Pour s'informer : - un article sur le site du Département des Antiquités d'Israël, en anglais. Il présente la mosaïque, au deux tiers de la page environ, ici. - un article sur le site du Ministère des affaires étrangères, toujours en anglais, relate la découverte des empreintes de pas : . . . .

mardi, octobre 13, 2009

Des mosaïques racontent saisons et travaux. St Romain-en-Gal

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. Seize motifs de la fresque de Saint Romain -en-Gal. Détail. Merci à J F Bradu qui m'a autorisée à utiliser ses photos
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Nostalgie de pages absentes, de lectures attendues. Alors j'ai suivi un mot. Il avait perdu une lettre en chemin. Mais ce n'était pas le premier venu. On pouvait l'écrire et faire chanter des sonorités familières : mosaïques.
Un mot pour guide et une recherche. Côté chemins, côté jardins. Recherche de motifs végétaux. Ils sont souvent utilisés, comme ornements. .
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Trois syllabes pour toute logique. Se fier à l'harmonie des mots. Celui-çi m'a menée vers une merveille. Au lieu des motifs décoratifs attendus, un calendrier agricole. Il raconte le temps des hommes, leurs travaux et les saisons.
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Au IIIe siècle de l'ère en cours, des tesselles de verre, de marbre et de calcaire gardent la mémoire des gestes : transport du fumier, tressage des paniers, greffe des arbres, ramassage du bois, cueillette des pommes...
Drapé de bleu l'hiver chevauche un sanglier. Force d'une saison. Sous le repos apparent, la terre protège les germinations à venir.
Simple remarque qui ne saurait être commentaire de l'œuvre. Bonheur de saluer animal si remarquable, de le trouver là.
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Splendide mosaïque exposée au Musée des Antiquités Nationales, au château de Saint Germain-en-Laye.
Sur la toile une page donne un aperçu de sa beauté. Présentée avec soin, avec goût et donnant avec clarté les informations nécessaires. L'auteur a la sagesse (la courtoisie ?) de ne pas surcharger son texte de références nous renvoyant... à notre ignorance. Pour beaucoup d'entre nous la Gaule du IIIe siècle n'est que souvenir d'un apprentissage. Un ignorant peut être ébloui. Le désir d'apprendre emprunte tant de chemins.
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La voici, pour faire les premiers pas : sur le site de Jean-François Jaru. Pour découvrir, approfondir si on le souhaite*, prendre le temps nécessaire. À chacun d'en décider. C'est ici.
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Le Musée des Antiquités Nationales propose de nombreux documents à télécharger.

dimanche, octobre 11, 2009

Écorces, suite...

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Lignes verticales que soulignent les mousses et les lichens. Journée grise et douce d'automne. .
Rituel de saison, le vin bourru et des noix. Elles sont encore un peu fraîches. Comme les noisette trouvées dans les bois.
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vendredi, octobre 09, 2009

Écorces

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Elles varient à l'infini. Il existe de beaux ouvrages, s'attachant aux espèces exotiques. Mais les écorces des arbres les plus familiers dessinent des mouvements inattendus . Bruns, gris et verts s'y nuancent à l'infini.
Seulement regarder. Dans les jardins, les rues des villes ou sur les chemins de campagne. .
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jeudi, octobre 01, 2009

Cette fleur qui tremblait en haut d'un chapeau... Le mime Marceau

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« Depuis le départ de Marcel Marceau pour un autre monde du silence, plus qu’une étoile, un univers s’est éteint…»
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Valérie Bochenek, Présidente de l’association « Un musée pour Bip ».
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Marcel Mangel, entré dans la clandestinité sous le nom de Marcel Marceau. Passeur d'enfant. Sauver des vies. Puis du nom de l'ombre enchanter le monde.
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Nul ne peut dérober aux peuples leurs émerveillements. Mais un État peut agir contre la volonté même d'un immense artiste : vendre ses biens comme on le fit en mai. Puis, comme il se prépare, disperser costumes, objets de scène et archives, au lieu de les rassembler « en un lieu unique dédié à l’art du Mime, dans le but d’offrir et de partager [cet] art avec le plus grand nombre.»
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Une association à rejoindre, à aider : Un musée pour Bip, ici. Des pages à lire sur le site de la Maison de Sèvres
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mercredi, septembre 30, 2009

« Les branches avaient l'odeur de la forêt...»


Couverture d'une édition américaine ( The New York Review of Books)
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« L'homme qui tenait la boutique avait un visage bienveillant. Il portait un tablier de jardinier, et ses mains étaient brunes et sèches, comme s'il avait travaillé la terre.
- Lequel voulez-vous, Madame ? demanda-t-il en tournant le bouquet de chrysanthèmes pour qu'elle pût choisir. Elle regarda les grosses fleurs avec leurs têtes toutes frisées. Les pétales recourbés étaient d'un grenat profond au centre et d'un jaune fauve à l'extérieur. Là où la lumière tombait sur leur chair mince, le grenat brillait ardemment alors que le jaune fauve pâlissait comme s'il était légèrement coupé d'argent. Il lui tardait de pouvoir les carresser.
- Je crois que je vais tous les prendre, dit-elle.
- Ils sont superbes, répondit l'homme.
Il était content. Il n'espérait plus une aussi bonne cliente à cette heure tardive.
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En lui rendant la monnaie sur son billet d'une livre et en lui tendant les chrysanthèmes enveloppés dans des feuilles de papier blanc fermées par des épingles, il lui donna aussi des branches de hêtres. Il précisa qu'elles étaient comprises dans le prix. Laura les prit dans ses bras. Les grands éventails aux nervures orange lui paraissaient encore plus beaux que tous les chrysanthèmes, sans doute parce qu'on les lui avait donnés, parce que c'était une surprise. Elle les sentit. Les branches avaient l'odeur de la forêt, une odeur de forêt bruissante et obscure, comme celle à l'orée de laquelle elle se rendait si souvent à l'automne, dans ses rêves. Elle ne bougeait pas pour bien se pénétrer de ce qu'elle ressentait. »
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Sylvia Townsend Warner, Laura Willowes
.Traduit de l'anglais par Laurence Lévy



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Un beau texte de Genviève Brisac, qui a préfacé une autre édition de « Laura Willowes». Ici.

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