Manet : Lettres à Isabelle, Méry et autres dames
À Donna d'Éoliennes, qui d'un question m'apprit une fonction.
«Rien ne saurait, en effet, mieux s'allier que la femme et les fleurs ; aucune harmonie n'est plus suave et plus gracieuse ; la femme qui s'est toujours vue représentée par une fleur, dans tous les temps, dans tous les pays, par tous les poêles [un typographe distrait ?], la femme qui n'est que dévouement et amour, comment n'aimerait-elle pas ces êtres délicats comme elle, comme elle doués d'un beauté ravissante et d'une grâce enchanteresse, ces êtres qui demandent, comme ses enfants, les soins de tous les moments et l'attention la plus soutenue. »
On me pardonnera cette publicité tapageuse. La modestie figurant au nombre de nos merveilleuses qualités, le lecteur peut imaginer comme il m'en a coûté de citer.
Ce passage est extrait d'un discours prononcé le 11 mars 1858 par Monsieur Charles Morren à la Société Royale d'Horticulture de Liège. Il en était alors le Président honoraire.
Si son langage reflète les perceptions d'une époque, on admettra qu'il existe préjugés moins tendres.
Sous les mots fleuris : une reconnaissance. Un botaniste salue l'apport des femmes à une science qui adopta longtemps avec elles une attitude ambiguë. Elles n'étaient pas tenues à l'écart de son étude, mais n'y avaient qu'une place d'invitées. Invitées à partager un savoir, mis à leur portée, parfois simplifié. Comme on adapte un récit complexe à l'intelligence d'un enfant ?
Tels étaient les usages.