samedi, mars 21, 2009

Les colporteurs fleuristes

Collection Remy et Etienne Veyrat, colporteurs grainetiers de Venosc (Isère)

Se déplaçant de village en village, d'une ville à l'autre, franchissant les frontières, parfois des mers, les colporteurs tissaient des liens précieux. Messagers et marchands, ils portaient des nouvelles, vendaient les objets nécessaires ou futiles, mais aussi des livres, des plantes et des graines. À leur modeste échelle ils portaient le monde.
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Ce sont surtout les colporteurs libraires qui ont fait l'objet d'études savantes. Qui suivra les traces de ceux qui faisaient commerce de végétaux ? Le voyage des plantes passait aussi par eux.

.En 1981 le Musée dauphinois a consacré une exposition aux colporteurs fleuristes de l'Oisans. Des planches aux couleurs vives y étaient exposées. Pour vendre graines et plants, il fallait donner un aperçu de ce que serait le végétal adulte. Souci intemporel. Nos étiquettes plastifiées et souvent incomplètes n'existaient pas. Le vendeur n'en portait pas moins des images. Elles étaient tirées de planches d'illustration.
Le dessinateur avait pu prendre quelque liberté avec la botanique. Mais qui d'autre aurait pu faire éclore des pensées aux couleurs si gaies ?
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Un peintre imaginatif, quelques graines et un peu de rêve et voilà le colporteur accusé de tromperie. J'ai retrouvé cette affirmation dans un texte contemporain à propos de 'la rose verte'. L'auteur ne devait pas connaître Rosa chinensis Viridiflora'.
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Ceux qui proposaient les plants d'une improbable rose bleue et se vantaient de l'avoir vendue à l'impératrice d'Autriche ou de Russie étaient un peu plus qu'imaginatifs. Une lointaine cousine fleur de l'oiseau bleu des contes. Mais une transaction commerciale discutable.
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Une certitude, les colporteurs de l'Oisans allaient jusqu'en Russie. Un petit ouvrage d'Élisabeth Besson publié au moment de l'exposition retrace leurs cheminements et apporte de nombreuses précisions sur ce métier oublié.
La Russie, l'Amérique... pourquoi si loin ? Seulement par nécessité, ou comme l'écrit Jean-Pierre Laurent dans sa préface :
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« On avancera toutes les raisons raisonnantes que l'on voudra, le colportage n'est pas déterminé uniquement par le besoin matériel. Il obéit dans son mobile à une autre exigence, constante et salvatrice, du monde rural traditionnel... le besoin d'évasion. »

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Ouvrages :
Élisabeth Besson : Les colporteurs de l'Oisans au XIXe siècle. Publié par le centre alpin et rhodanien d'ethnologie.
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C. Robert-Muller et André Allix : Les colporteurs de l'Oisans.Presses universitaires de Grenoble. Collection "L'empreinte du temps"
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Sur la toile :
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Le site du Musée dauphinois où on peut voir quelques planches des colporteurs.
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La bibliothèque dauphinoise.


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2 commentaires:

corsu a dit…

JE SUIS PIERRE YVES VEYRAT ,petit fils d'etienne Veyrat (1898-1981)ne a Venosc (isrere) ayant vecu en algerie et en provence (vaucluse domaine st andré gigondas) ,cet article parle t il des parent de mon grand pere et de mon grand pere qui etaient horticulteurs et colporteurs ,car le cousin germain de mon grand pere etienne veyrat ,s'appelait remy veyrat

Elisabeth.b a dit…

C'est en effet possible. Mais seule une recherche permettrait d'en être certain. Auprès du Musée Dauphinois?
Merci de votre témoignage. Si vous souhaitez parler davantage des si belles activités des vôtres , n'hésitez pas. Vous êtes le bienvenu.
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