dimanche, février 20, 2011

Sauver les serres d’Auteuil, refuser la destruction annoncée


Jardin des Serres d'Auteuil : mascaron d'Auguste Rodin.

 
Une décision  qui est aboutissement d’années de complaisances :

celles-ci avaient été soulignées, en 2008, dans un rapport de l'Inspection Générale. Parmi elles, le montant de la redevance due par la Fédération de tennis à la Mairie de Paris. Contrairement aux taxes et redevances diverses prélevées par la ville, elle restait étrangement sous-évaluée.

Elle se montait à 1,5 million pour l'utilisation des 8,5 hectares du stade, alors que la municipalité était en droit d'en exiger 19 millions. Disfonctionnements, non respect de toutes les clauses d'une convention archaïque, ces points avaient résumés en octobre 2008 dans un article du Figaro : Roland-Garros : le rapport qui dérange. Il est consultable ici et donne accés à l'audit de l'Inspection Générale.

En a-il été tenu compte ? Combien de millions représentent les sommes non réclamées ? Au nom de quoi les parisiens en sont-ils privés, eux qui devront financer le futur stade. Tandis que les taxes et impôts auxquels ils sont assujettis ne sont pas de douze fois et demie inférieurs au montant exigible, mais régulièrement recalculés à la hausse.

Étonnante différence de traitement.


Destructions, nuisances passées sous silence, menaces :

Les destructions concernent des espaces indispensables à la vie des serres. Espaces de travail, surfaces réservées aux plantes rares. Un des arguments les plus absurdes avancé pour les dévaster était leur absence de classement comme bâtiments historiques et la modestie de certains équipements. Quels édifices, même somptueux, ne sont composés que de salles d'apparat ?

Plan ci-contre : les espaces menacés. Cliquer sur l'image pour agrandir.
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Destruction que la disparition des serres chaudes et de celles réservées aux plantes rares. Le préjudice ne s’arrête pas à la démolition de bâtiments. Les plantes sont vivantes. Elles ne sauraient se déménager comme des meubles ou des dossiers entreposés. Les amateurs de végétaux savent que certaines variétés d’orchidées ne supportent aucun déplacement. Il leur faudra des années pour refleurir s'ils s'avisent de les déranger. Il ne s’agit pas là d’espèces rares.

Existe-t-il une étude sérieuse et détaillée sur les conséquences qu’auraient pour les plantes d’Auteuil une migration vers d’autres serres ? La pertinence du choix ayant déjà été remise en cause*.


Nuisances que le bruit, les piétinements d’un public inhabituel dans un lieu qui n’a pas été conçu pour accueillir de telles foules. Difficile de prévoir la conduite de ces dernières. Les barrières dérisoires prévues pour les contenir ne sont pas protection.

Présence bruyante, qui rendrait impossibles les concerts donnés dans les serres. Nuisance sonore pour les promeneurs. Tranquilité dérobée. Harmonie détruite. Préjudice dont nul décideur ne semble se soucier.

Un lieu ouvert à tous, rendu insupportable le temps des tournois et livré à la négligence de supporters à qui les jardins botaniques importent peu. Qui ne seraient jamais venus si les serres d’Auteuil n’avaient été annexées. Deux publics aux goûts et aux comportements si différents séparés par des barrières plus symboliques qu’efficaces.

Négligences et dégradations encouragées au plus haut niveau : par ceux qui ont pouvoir d'imposer leur choix et qui affichent leur mépris d’un lieu unique.



Il existe un autre danger. Il concerne les bâtiments existant. Les lourds travaux envisagés pour la construction du stade se feront à proximité des serres historiques. Elles ne sont pas conçues pour les supporter. Existe-t-il une étude sérieuse et détaillée sur les risques encourus ?


Arbres rares détruits, serres vouées à disparaître, plantes sacrifiées, un patrimoine végétal infiniment précieux doit être protégé.


Pillage masqué de discours trompeurs. Il serait vain de croire qu’il ne concerne que Paris. Il est insulte à tous. Architectural ou végétal, le patrimoine est bien de tous.



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* Lors d’une réunion à la Mairie de Paris, le 15 novembre 2010. Le Parc Floral n’est pas équipé pour conserver les plantes.





2 commentaires:

Jean Pierre J. a dit…

Le fonctionnement des institutions démocratiques de notre belle France est magnifique lorsqu'on en parle et qu'on les examine sans trop s'attarder sur les détails.

A Paris comme en province d'ailleurs. A la longue, c'est déprimant.

Elisabeth.b a dit…

Non ! La déprime est un luxe que nous ne pouvons pas nous permettre !
Belle journée à vous, sans doute sous le vent.